Le candidat recalé de la primaire
semblait plus proche du député de Paris, notamment sur le mariage
pour tous.
On supposait qu’il rallierait
logiquement François Fillon. Et non, ce sera Alain Juppé. Recalé
de l'épreuve des parrainages par la Haute autorité de la primaire
de la droite, Hervé Mariton a officialisé ce matin sur France Inter
son soutien au maire de Bordeaux. «Parce que ça me paraît être
le plus sincère, et je pense que c’est une exigence que nous
partageons, parce que nous avons aussi une exigence de sérieux […]
et parce que nous avons aussi l’un et l’autre en partage une
volonté d’optimisme», a-t-il expliqué.
Puisqu'il s’était taillé une petite notoriété en combattant
avec acharnement le mariage pour tous, beaucoup imaginaient que le
député de la Drôme se tournerait plus naturellement vers Fillon.
Celui-ci, qui avait voté contre la loi Taubira, ne promet certes pas
son abrogation voulue par Mariton - des candidats encore en lice seul
Jean-Frédéric Poisson, proche de Christine Boutin, est encore sur
cette ligne. Mais le député de Paris, qui a récemment reçu le
soutien de Sens commun, petit mouvement issu de la Manif pour tous,
prône une réécriture du chapitre «filiation» de la loi pour
s’opposer à l’adoption plénière par des couples homos. Mariton
reste sur sa faim: «il ne surclasse» pas ses concurrents
sur ce sujet, déplore-t-il. Juppé, lui, s’était, «après
mûre réflexion», dit favorable à l’adoption par les
couples homos. Mariton a acté cette divergence mais dit avoir obtenu
de Juppé des assurances sur la GPA: «Il est contre la gestation
pour autrui, les mères porteuses. Il m’a demandé avec d’autres
parlementaires de mon équipe de porter une initiative sur le plan
européen d’interdiction de la GPA. C’est un engagement très
fort», salue Mariton. «Nous avons des convergences, nous
avons des différences, nous les assumons, nous les assumerons»,
concède-t-il pour le reste.«Celui qui m’a promis le moins»
Outre la loi Taubira, le libéral Mariton aurait pu en principe être séduit par le programme économique d’un Fillon. Au contraire, l’élu, fin connaisseur des finances publiques, reproche à l’ex-Premier ministre de commettre une «erreur grave» en «théorisant en 2017 un déficit à 4,7% de la richesse nationale». Fillon, qui à Matignon, alertait sur «l’Etat en faillite», promet désormais 50 milliards de baisses de prélèvements et ne voit «pas d’autre solution que d’accepter momentanément en 2017 un déficit», s’asseyant sur la règle des 3% de déficit. Mais c’est en matière de politique étrangère que Mariton se montre le plus dur avec Fillon. «Je ne partage pas du tout, mais pas du tout, l’alignement de François Fillon sur Poutine, s’agissant de la Syrie», poursuit l’atlantiste assumé. Qui a dû apprécier la pique lancée par Juppé conseillant à Fillon d’y aller mollo sur la vodka. Réplique au député de Paris qui avait jugé que le programme de son concurrent avait un goût de tisane.Mais Mariton ne cherche-t-il pas surtout à se ranger derrière le mieux placé dans les sondages pour gagner l’élection des 20 et 27 novembre? Sans doute a-t-il anticipé cette accusation, lui qui a rencontré, après son élimination, Sarkozy, Fillon et Juppé… Et assure avoir rallié le moins offrant: «J’ai fait le choix de soutenir celui qui m’a promis le moins. Je pense au fond que c’est un gage de sincérité.»
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire