Rechercher dans ce blog

dimanche 31 mai 2015

Démonter le poncif selon lequel la Russie serait européenne

Les partisans de la coopération euro-russe partent du présupposé que la Russie est européenne. Selon Alexandre Latsa, la Russie serait la partie orthodoxe et orientale de l'Europe, laquelle n'appartiendrait qu'en partie à l'Occident. Alexandre del Valle préfère parler d'espace panoccidental regroupant les pays de culture judéo-chrétienne, démocratique et européenne. Il n'est pas jusqu'au géopolitologue Jean-Sylvestre Mongrenier qui n'accrédite la thèse d'une Russie européenne, du moins jusqu'à l'Oural.
Sur quels critères se fonder pour affirmer l'européanité de la Russie ? Sur la géographie ? Mais on sait qu'en faisant de l'Oural la frontière de l'Europe, le géographe Tatichtchev ne faisait qu'étayer les vues géopolitiques de Pierre le Grand, puisque la chaîne de l'Oural, dont les plus hautes montagnes culminent à 1894 mètres, ne peut être considérée comme une frontière naturelle. Sur le grand schisme de 1054 ? Certains n'hésitent pas à surmonter la distinction entre civilisations catholique (aujourd'hui catholico-protestante) et orthodoxe en insistant sur un commun patrimoine judéo-chrétien. D'aucuns conditionnent l'européanité de la Russie au respect des droits de l'homme. Mais c'est oublier que l'Europe n'a pas de monopole des bons sentiments.

Reste l'opinion. Et sur ce point les chiffres sont sans appel. On a pris l'habitude d'affirmer que la Russie s'est européanisée au XVIIIème siècle sous le règne de Pierre le Grand. C'est oublier que cette modernisation par l'ouest ne concernait qu'une petite élite. Selon un sondage de l'institut Levada, 71% des Russes disent ne pas se sentir européens. Le sociologue Sergeï Belanovski a critiqué le manque de rigueur de cette étude, expliquant que les valeurs dites européennes ne sont pas si impopulaires qu'elle le laisse entendre, et que l'Europe ne constitue pas une menace aux yeux des Russes. Mais nulle part Belanovski ne prétend que la Russie est européenne, bien au contraire : aux yeux du sociologue ces 71% de « non-européens » ne font que refléter la non-appartenance de la Russie à l'espace géographique européen. Quoique l'on pense des 29% restants, l'existence de tels sondages reflète une ambiguïté impensable en Europe. Si la Russie était européenne, elle serait la première à le savoir et la dernière à en douter.

http://www.larevuecritique.fr/article-russie-et-europe-2-58601978.html

4 commentaires:

  1. Robert Marchenoir1 juin 2015 à 12:09

    Au demeurant, ce fatiguant slogan, "la Russie est européenne", n'a pas grand sens. Puisque la Russie est européenne, alors il faudrait lui faire allégeance et dire amen à toutes les agressions qu'elle mène contre nous ? Excusez-moi, mais je ne vois pas le rapport.

    L'Allemagne nazie était européenne, pourtant personne ne soutiendrait que par conséquent, il fallait se coucher devant Hitler. L'Angleterre est européenne, pourtant l'histoire de France regorge de guerres avec l'Angleterre. La Suisse est européenne, pourtant personne n'en tire argument pour dire que Paris devrait se soumettre à Berne ; ce serait plutôt le contraire ! Les mêmes Français qui font allégeance à Poutine semblent ravis de la guerre fiscale et bancaire que mène la France contre la Suisse et ses principes constitutionnels les plus sacrés. Dailleurs, je crois me souvenir que Napoléon a envahi la Suisse !

    Par conséquent, l'européanité de la Russie implique, en bonne logique, que l'armée française doit sans tarder s'emparer de Moscou. Nous sommes bien d'accord ?...

    RépondreSupprimer
  2. Je suis bien d'accord avec vous, Robert... Je vais aller plus loin, même, en disant qu'historiquement, la France est un allié naturel des Etats-Unis (depuis au moins Napoléon) alors qu'elle a été plusieurs fois en conflit ou en guerre avec la Russie.
    Ce billet était plutôt destiné à des gens sensibles aux thèses (loufoques) d'Alain de Benoist et consort , qui croient, eux, que la Russie est l'alliée naturel de la France, qu'est européenne, et que Poutine est un défenseur de l'Europe ... la "vraie" Europe, selon eux... celle qui va de "Brest à Vladivostok" (concept totalement bidon, mais très en vogue chez certains de la ND et autres "Douguiniens")

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Pour affirmer que la Russie est européenne jusqu'à Vladivostock, faut vraiment être ignare.

      Est ce que les yakoutes et buriates bouddhistes ont quelque chose à voir avec non? Rien, que dalle. Idem pour les kalmouks et autres asiat musulmans.

      Tout ça c'est du bidon, c'est de la branlette d'adolescent qui tache le plafond parce qu'il idéalise une nana sur un poster... Dans 20 ans, la Russie n'aura plus rien de blanche et d'orthodoxe...

      Supprimer
    2. Bien sûr que c'est bidon... Mais il y a des gens qui écrivent des livres là-dessus. Et il y des gens, un peu naïfs, qui et achètent ces livres, hélas.

      Supprimer