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vendredi 27 mars 2015

Armée, FSB : des manoeuvres russes d'une ampleur exceptionnelle en mars

Nos médias français sont focalisés sur le crash de l'Airbus A320 et sur le suicide front-nationaliste de la France. En Ukraine, la volonté de lutter contre la corruption a poussé Porochenko à une "opération mains propres" spectaculaire, mais qui risque, en cette période de trouble, de déstabiliser un peu plus le pays (Libération)

Pendant ce temps, les manoeuvres russes continuent de plus belle. Par leur ampleur exceptionnelle, elles feront encore monter d'un cran les tensions que Poutine a créées avec l'Europe, les Etats-Unis, et le Japon.

Les incursions russes en Europe ou à la frontière de pays membres de l'UE (y compris la France) se sont multipliées ces derniers mois.

En ce mois de mars : 

Sur le plan militaire, des opérations russes de grande envergure sont en cours : 
- Déploiement de 80 000 soldats,
- Des tankistes se sont entraînés à assiéger une ville dans le centre de la Russie (Libération),
- Déploiement de bombardiers en Crimée (Le Figaro),
- Une vingtaine de bâtiments de guerre, vedettes, navires et sous-marins sont en route pour la mer Baltique. Ils acheminent des batteries de missiles Iskander-M (qui ont un rayon d’action de 500 kilomètres et qui peuvent contenir des têtes nucléaires) dans l’enclave de Kaliningrad, voisine de la Pologne et de la Lituanie (Libération)
- Déploiement de soldats en Arménie et dans les régions séparatistes géorgiennes d’Abkhazie et d’Ossétie du Sud.
 - Des soldats des régions centre et ouest de la Russie ont été mis en état d’alerte ; et plus de 3 000 soldats ont été envoyés sur l’île de Sakhaline, proche du Japon, dans l’Extrême-Orient russe, où des batteries de missiles anti-aériennes ont été installées.

Les mouvements russes dans l’espace de la mer Baltique interviennent alors que les Etats-Unis ont entamé le 9 mars à Riga une opération conjointe de l’Otan («Atlantic Resolve») avec les trois pays baltes, impliquant 3 000 soldats américains et quelque dizaines de chars et hélicoptères blindés. L’opération, dont le but est de rassurer les Etats baltes qui s’inquiètent des ambitions russes depuis l’éclatement de la guerre en Ukraine, est appelée à durer au moins trois mois. D’autres opérations ont lieu dans la région. Comme celle que mène la Norvège depuis le 9 mars : «Joint Viking» réunit plus de 5 000 soldats près de sa frontière avec la Russie.


Sur le plan intérieur, le FSB mobilise tous azimuts, comme le note Le Figaro. La paranoïa dans ce pays n'ayant jamais atteint un si haut niveau depuis l'ère stalinienne. Il faut dire que la Russie fait tout pour encourager les puissances de l'Occident à parer à ses agissements menaçants. La paranoïa se traduit par des actes insensés (vol de la Crimée, attaque de l'est de l'Ukraine) et menaçants (incursions militaires en UE, volonté de faire éclater l'UE...), qui eux-mêmes engendrent une réaction (très modérée et normale au vue des dernières guerres menées par le botoxé) des pays occidentaux  , qui elle-même renforce la paranoïa russe. Comme un engrenage volontairement entretenu par Adolf Poutine et ses conseillers.





A lire en complément :
Où va la Russie ? (site du Sénat)
Poutine pourrait attaquer un Etat Balte pour tester la solidité de l'OTAN (La Tribune)


Les îles Kouriles ? Kesako ? 
La Russie a annoncé, vendredi 18 avril, qu'elle allait mettre en œuvre d'ici à 2016 un plan de réarmement des îles Kouriles, toujours réclamées par le Japon. Le ministère russe de la défense a en effet annoncé vendredi l'adoption d'un plan détaillé de construction d'infrastructures militaires sur les îles Kouriles du Sud, revendiquées par le Japon depuis leur annexion par l'URSS en 1945. « D'ici à 2016, toutes les infrastructures principales, et il y en a plus de 150, seront construites », a déclaré le commandant militaire de la région Est, le général Sergueï Sourovikine, cité par les agences de presse. « Les décisions pour la construction d'implantations militaires sur les îles d'Itouroup et Kounachir ont été validées », a-t-il ajouté.
Le général a indiqué que le développement des infrastructures militaires de l'île de Sakhaline, dans la même région, était également prévu d'ici à 2020. « Le choix de la région est conscient. L'accent est mis par la direction du pays et de l'armée sur le développement de l'Extrême-Orient, et en particulier de Sakhaline et des Kouriles — les avant-postes orientaux de la Russie », a-t-il déclaré.
L'annonce en 2011 par la Russie d'un plan de réarmement des Kouriles avait suscité la colère du Japon. Le différend territorial, qui porte sur 4 îles au total, empêche depuis plus soixante-cinq ans la signature d'un traité de paix entre les deux pays.
Le ministre des affaires étrangères japonais, Fumio Kishida, dont le pays s'est aligné sur ses alliés occidentaux en condamnant la politique de Moscou en Ukraine, a fait savoir jeudi qu'il reportait une visite en Russie. Les Etats-Unis ont de leur côté jugé nécessaire de réaffirmer au début du mois leur soutien militaire au Japon.

Note :
En mars 2015, la marine japonaise a mis en service le destroyer porte-hélicoptères Izumo, lundi 25 mars à Tokyo (Japon). Avec ses 248 mètres de long, c'est le plus grand vaisseau militaire possédé par le pays depuis la seconde guerre mondiale. La Constitution du Japon lui interdit théoriquement de développer une armée, mais pas l'autodéfense individuelle. Le choix d'un porte-hélicoptères, qui n'est pas considéré comme un vaisseau offensif, a ainsi été fait pour jouer sur le flou autour de cette distinction. Le premier ministre, Shinzo Abe, cherche à réformer la Constitution afin de permettre à son pays de venir en aide à ses alliés en cas d'attaque. vidéo
Pavillon de la marine japonaise









L'armée russe conduit des manoeuvres d'une ampleur exceptionnelle (Almanar)

Missiles balistiques déployés à Kaliningrad, au cœur de l'Europe, bombardiers stratégiques en Crimée, soldats dans l'Arctique: l'armée russe conduit des exercices militaires d'une ampleur exceptionnelle visant à montrer aux Occidentaux, notamment à l'Otan, qu'elle est prête à tous les scénarios sur fond de crise ukrainienne.
 
Cette démonstration de force se déroule depuis une semaine aux quatre coins de la Russie, de l'enclave russe de Kaliningrad frontalière de la Pologne, de la Lituanie et du Bélarus, aux Kouriles, ces îles russes que revendiquent le Japon, en passant par l'Arctique et la Crimée, péninsule ukrainienne qui a rejoint la Russie il y a tout juste un an.
 
Et pour les experts russes interrogés par l'AFP, elle vise plusieurs objectifs à court et à long terme: répondre au déploiement de 3.000 soldats américains pour trois mois dans les pays baltes, au renforcement décidé en février par l'Otan de la défense de son flanc oriental avec la création d'une nouvelle force de 5.000 hommes, et plus généralement à l'hypothèse envisagée par Moscou d'une montée en puissance militaire des Etats-Unis en Ukraine.
 
"La Russie et l'Otan font l'étalage mutuel de leur savoir-faire et de leur agilité", résume l'ancien général russe Evgueni Boujinskiï pour l'AFP.
"C'est une démonstration des capacités militaires de la Russie, de son renforcement militaire", estime le politologue Nikolaï Petrov. "Il s'agit de montrer que tout va bien, que tout est en ordre, de notre côté", ajoute-t-il.
 
Navires de guerre, défense anti-aérienne, blindés, bombardiers stratégiques: tout l'éventail de l'arsenal militaire russe est mis en branle.

Les exercices ont commencé en fin de semaine dernière par le déploiement de 8.000 artilleurs en Crimée et dans le sud-ouest de la Russie, près de la frontière avec l'Ukraine.
 
Au même moment, quelque 200 tankistes s'entraînaient à assiéger une ville dans le centre de la Russie. Dès lundi, la démonstration de force a pris de l'ampleur avec le déclenchement d'exercices militaires surprise impliquant le déploiement de 38.000 soldats pour la seule région stratégique de l'Arctique.
 
Parallèlement, des bombardiers stratégiques Tupolev 22-M3 à long rayon d'action, en mesure de porter des ogives nucléaires, ont atterri en Crimée. Et dans la région de Pskov, près de la Lettonie, des unités de parachutistes se sont entraînés de nuit à prendre le contrôle d'un territoire tandis qu'à plus de 7.000 km à l'est, 500 soldats étaient déployés sur les îles Kouriles pour un exercice de riposte à une attaque ennemie.
 
Pour les seules régions du nord et de l'ouest de la Russie, plus de 80.000 soldats, 10.000 pièces d'armement et de transport, des dizaines de navires de guerre, de sous-marins et plus de 200 avions et hélicoptères participent aux exercices.
 
L'Otan impressionnée par l'armée russe
C'est évidemment le déploiement de batteries de missiles Iskander à Kaliningrad qui a suscité le plus de craintes en Europe.

Ces missiles "peuvent atteindre la moitié des capitales européennes, ils peuvent atteindre Berlin", a déclaré jeudi à Bruxelles la présidente lituanienne Dalia Grybauskaite, dénonçant une "démonstration de muscles et une agression".
 
Pour sa part, le gouvernement polonais estime que ces manœuvres visaient à faire pression sur les Européens avant une réunion à Bruxelles sur les sanctions en cours contre la Russie. Jeudi soir, les chefs d'Etat et de gouvernement des 28 se sont mis d'accord pour prolonger ses sanctions économiques jusqu'à la fin de l'année.
 
L'Otan, et au premier chef les Etats-Unis, suivent attentivement ces exercices. "Ce qui m'intéressait, c'était de voir qu'ils peuvent déployer 30.000 personnes et 1.000 chars à un endroit très rapidement. C'était sacrément impressionnant", a déclaré vendredi le général Ben Hodges, commandant des forces terrestres de l'Otan, selon des déclarations de son service de presse.
 
L'expert militaire indépendant Pavel Felguenhauer estime pour sa part que le Kremlin étudie tous les scénarios, y compris celui d'une détérioration de la crise en Ukraine où les Etats-Unis et les Occidentaux "interféreront" militairement, poussant la Russie à se préparer à une confrontation nucléaire.
 
Dans ce scénario catastrophe qui a tout de la fiction, la Flotte du Nord de la marine russe devrait empêcher les sous-marins américains et britanniques d'approcher de la mer de Barents où se trouvent les sous-marins d'attaque nucléaires russes. L'armée russe "occuperait le nord de la Norvège et l'Islande pour empêcher les Etats-Unis d'envoyer des renforts en Europe au moment où des troupes russes occuperaient les pays baltes".







2 commentaires:

  1. Robert Marchenoir28 mars 2015 à 05:46

    Au chapitre des agressions contre la France, il faut citer l'enlèvement et la torture à Strasbourg, deux jours durant, en août dernier, du ministre tchétchène réfugié Saïd-Emin Ibragimov.

    Non seulement ça n'a l'air de scandaliser personne, mais apparemment ça a pratiquement été passé sous silence. Je n'ai guère trouvé que ça :

    http://www.rue89strasbourg.com/index.php/2014/11/05/societe/lancien-ministre-tchetchene-poursuivi-par-la-russie-jusqua-strasbourg/

    Avec un titre scandaleusement manipulé : il n'a pas été kidnappé ni torturé par le SVR, il a simplement été "poursuivi" par la "Russie". C'est un jeu, une espèce de course. Des bougnoules slavo-mongols qui jouent à chat perché. On ne va quand même pas se mêler de leurs histoires.

    Et ça :

    http://france3-regions.francetvinfo.fr/alsace/2014/11/09/strasbourg-un-ex-ministre-tchetchene-victime-d-une-repression-orchestree-par-la-russie-588508.html

    Toujours pas d'enlèvement ni de torture. Juste de la "répression orchestrée". Est-ce qu'on fait des gros titres quand des CRS "répriment" quelques agriculteurs ? (En fait, oui, on en fait même beaucoup plus...)

    Sur l'Express, ça vaut juste un encadré de trois lignes :

    http://www.lexpress.fr/actualite/monde/europe/offensive-tchetchene-contre-poutine_1620574.html

    Si le mot "torturé" figure bien dans le titre, le texte ne parle que d'agression. Bah, une simple paire de gifles, c'est déjà une agression, et puis tout le monde se fait agresser, en France, on ne va pas en faire un fromage. Dans le titre, le point d'interrogation est de rigueur. Tant que le chef du SVR ne vient pas montrer son agenda en disant : vous voyez bien, on est venus torturer votre bonhomme tel jour à telle heure, on ne peut rien dire, c'est peut-être de la propagande atlanto-sioniste.

    Il faut donc aller aux Etats-Unis pour apprendre que l'armée russe s'est livrée à un acte de guerre sale sur notre sol, comme s'ils étaient chez eux, comme de vulgaires immigrants libyens, comme si c'était open bar pour torturer, chez nous, n'importe quel gazier dont la photo ne revient pas à Monsieur Poutine :

    http://time.com/putin-secret-agents/

    Y a-t-il eu protestation du Quai d'Orsay ? Convocation de l'ambassadeur ? Expulsion d'espions ? Passage à tabac discret de kaguébistes en représailles ? Menaces précises transmises à l'insu des médias par les canaux habituels ? Est-ce que l'ami Molette, à Minsk, a pris par le colback le grand chef d'Etat que le monde entier envie à la Russie, pour le sommer d'ôter ses sales pattes d'un vieillard réfugié politique que la France s'est engagée à protéger ?

    Je ne parierais pas là-dessus.

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  2. Merci pour cette info, j'étais complètement passé à côté.
    Cette incursion des services russes me fait penser à Litvinenko, qui s'était réfugié à Londres, et que le FSB est allé assassiné là-bas.
    En France, avec les postes occupés par les frontistes, vassaux de Poutine, il va hélas falloir s'attendre à ce genre d'affaire.

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