Rechercher dans ce blog

mercredi 18 avril 2018

Frappes en Syrie: pourquoi la "fachosphère" se divise sur l'intervention française

Sur les réseaux sociaux d'extrême droite, deux camps s'affrontent: les partisans de la Russie contre les défenseurs des intérêts de la France.



Se faire traiter d'esclave et d'homme pas libre par un anonyme et alors même qu'une bonne partie des i"nstances" de la "fachosphères" est de tous les cocktails à l'ambassade de Russie pour gratter des euros... Voila quoi...https://twitter.com/FawltyTowers2/status/985225177331093506 





Utilisé depuis 2013, l'argumentaire de l'extrême droite sur la Syrie est bien rodé: qu'importe les crimes qui lui sont imputés, Bachar al-Assad combat le terrorisme islamiste. Toute action contre son régime, en plus de fâcher la Russie, seule nation qui aurait un regard éclairé sur le contexte syrien, ferait le jeu des jihadistes.
Voilà pour les éléments de langage formulés par les responsables politiques pro-Russie, de Marine Le Pen (FN) à Thierry Mariani (LR), et qui sont répétés à l'envi sur les réseaux sociaux et médias de droite et d'extrême droite.
Pour autant, quelques voix dissonantes se sont exprimées dès le lendemain des frappes françaises au sein de cette communauté de pensée. Au point que la famille nationaliste se divise désormais en deux camps: les partisans de la Russie et les défenseurs des intérêts de la France.
"Cocktails à l'ambassade de Russie"
L'exemple du très influent Pierre Sautarel, fondateur et administrateur du site d'extrême droite Fdesouche, navire amiral de la "fachosphère" francophone, est un cas d'école.
Sur Twitter, ce pionner de l'info identitaire a ouvertement critiqué l'unanimisme qui se dégageait à l'extrême droite, laissant entendre que les pourfendeurs des frappes syriennes étaient moins des défenseurs de l'indépendance française que des relais du discours du Kremlin. "On peut aussi être lucide sur le travail de propagande réalisé depuis plusieurs années par la Russie sur le public de la fachosphère qui explique en bonne partie cet unanimisme", a-t-il notamment écrit.
Accusé par plusieurs utilisateurs du réseau social de se soumettre à la vision des États-Unis, Pierre Sautarel a contre-attaqué, affirmant dans un second message que de nombreux influenceurs se revendiquant comme patriotes entretenaient des relations compromettantes avec les autorités russes: "une bonne partie des 'instances' de la fachosphère est de tous les cocktails à l'ambassade de Russie pour gratter des euros".
Également influente dans ces réseaux, Solveig Mineo, créatrice de Bellica (site féminin dont le nom de domaine est associé à plusieurs sites identitaires), a elle aussi été prise à partie pour avoir interrogé l'unanimisme pro-russe et pro-Assad qu'elle constatait à l'extrême droite au sujet de la Syrie.
Une prise de position qui lui a valu une salve d'insultes sexistes, comme le montre le tweet ci-dessous.
Proches de Marion Maréchal-Le Pen, Jacques de Guillebon et Gabriel Robin, respectivement directeur et rédacteur en chef du magazine L'Incorrect, ont également été pris pour cible dans la journée de samedi pour avoir critiqué "la réaction pavlovienne de la droite dès qu'il s'agit de Syrie et de Russie".
"La France a eu raison de frapper maintenant ce régime. C'est de bonne politique pour revenir à la table des négociations. Et Macron ou pas, peu importe: il s'agit de l'intérêt de la France", a tweeté Jacques de Guillebon, s'attirant les foudres de plusieurs figures de l'extrême droite française, à l'image du proche de Marine Le Pen, Frédéric Chatillon.
Deux visions du monde
Ceux qui, à la droite de la droite, refusent de condamner les frappes plaident pour la crédibilité de la parole de la France, en mettant en avant le raisonnement suivant: dans la mesure où une ligne rouge avait été tracée, l'exécutif avait l'obligation de mettre sa menace à exécution. Il en allait des intérêts de la France et des conditions de son influence dans le concert des nations.
Une vision qui entre en contradiction avec la version partisane majoritairement partagée à l'extrême droite, qui voit dans Vladimir Poutine un modèle de chef d'État nationaliste à imiter et dans Bachar al-Assad un rempart à l'islamisme qu'il faut soutenir. Le tout mâtiné d'une dose d'anti-américanisme, comme le suggère ce tweet de Sylvain Marcelli, conseiller régional Les Patriotes, qui accuse la rédaction de L'Incorrect d'être soumise aux néo-conservateurs américains.
Ce discours a gagné en influence depuis le début du conflit syrien, bien aidé par le travail de porte-parole effectué par plusieurs responsables politiques de droite et d'extrême droite, de Thierry Mariani à Marine Le Pen. Samedi, Jean Lassalle s'est indigné de la décision d'Emmanuel Macron en direct sur le chaîne RT, organe de propagande du Kremlin.
Preuve que ce discours progresse, celui-ci se retrouve désormais chez plusieurs cadres des Républicains, à l'image d'Éric Ciotti, qui a repris la thèse selon laquelle ces frappes pourraient renforcer Daech.
Distant du Front national sur de nombreux sujets internationaux, le maire de Béziers Robert Ménard (élu avec le soutien du FN) a de son côté trouvé une position médiane, estimant que la France était en droit d'intervenir si l'utilisation d'armes chimiques par le régime était avérée. Un point de vue partagé chez certains membres des Républicains, à l'image de l'ancien ministre de la Défense, Gérard Longuet.
Interrogé dimanche 15 avril sur les condamnations politiques des frappes françaises, Manuel Valls a résumé les choses ainsi: "il y a un parti poutinien, un parti russe, incontestablement dans la droite française".
https://www.huffingtonpost.fr/2018/04/16/frappes-en-syrie-pourquoi-la-fachosphere-se-divise-sur-lintervention-francaise_a_23412116/?utm_hp_ref=fr-homepage























Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire