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mardi 4 avril 2017

Défense. Lepenskaïa et Méchancon sont sur un bateau...

Le France est déjà très infiltrée par des agents du Kremlin : extrême gauche, exrême droite, complotistes, sarkosystes... autant de courants vérolés. Le secteur de la défense n'échappe pas à cette influence.
Or, trois candidats sur quatre parmi les favoris à l'élection présidentielle sont plus ou moins poutinolâtres . C'est-à-dire qu'avec eux, ce serait la France faible, voire la France du chaos, en tout cas facilement prenable par la Russie.

1/ La défense française est déjà très dépendante de la Russie :

Transport militaire: l’incroyable dépendance russe de la France

 Malgré l’arrivée de l’A400M, les forces françaises dépendent largement des gros porteurs Antonov 124, affrétés via des intermédiaires opaques et dont les deux tiers appartiennent à des compagnies russes. Le député François Cornut-Gentille tire la sonnette d’alarme.

Un Scud. Le député François Cornut-Gentille a jeté un sacré pavé dans la marre militaire en présentant devant la commission des finances de l'Assemblée nationale, mardi 28 mars, un rapport au vitriol consacré au transport stratégique de l'armée française. Le constat est double: un, l'entrée en service de l'A400M ne va pas supprimer le recours des forces françaises aux gros porteurs ukrainiens Antonov An-124, aux capacités d'emport cinq fois supérieure à celle de l'avion européen. Deux, cette situation met la France en situation de dépendance vis-à-vis de l'Ukraine, et surtout de la Russie. La grosse vingtaine d'An-124 disponibles dans le monde est en effet détenue par seulement trois compagnies: une ukrainienne (Antonov DB) et deux russes (une privée, Volga-Dnepr, et une société publique, TTF Air 224).
La conclusion du député fait froid dans le dos. "Dans les faits, ce sont les Russes et les Ukrainiens qui ont la maîtrise de la projection de nos forces sur les théâtres extérieurs, assène le député dans son rapport. C'est une véritable épée de Damoclès qui est suspendue au-dessus de la France." Une arme redoutable dans les mains du Kremlin, dont Vladimir Poutine s'est déjà servi, estime François Cornut-Gentille : l'élu de la Haute-Marne rappelle que la société russe TTF Air 224 a interrompu ses vols au profit de la France en septembre 2015… soit un mois seulement après l'annulation du contrat des porte-hélicoptères Mistral à la Russie, prononcée en août. "La mise à disposition d'Antonov 224 devient un enjeu diplomatique, déplore François Cornut-Gentille. Une nouvelle dégradation des relations avec ces deux Etats [Ukraine et Russie] pourrait paralyser totalement les capacités de projection aérienne de la France. En dépit des grandes phrases, l'autonomie stratégique est en réalité virtuelle."

98% de pièces russes
Un compte-rendu de réunion de l’Agence européenne de défense et de la NSPA, (l’agence de soutien logistique) de l’OTAN, consulté par Challenges, confirme cette dépendance. Ce document, adressé en juin 2015 aux responsables du transport stratégique de l’armée française, évoquait des "risques politiques de rupture de service élevés en raisons de la dépendance à des moyens sous contrôle de la Russie". Car si les Antonov sont des avions ukrainiens, "98% des pièces de rechange viennent de Russie, les 2% restants de l’est de l’Ukraine", soulignait le compte-rendu.
Pourquoi cette dépendance aux Antonov An-124, alors même que la France dispose désormais de 11 A400M ? Pour comprendre, il suffit de comparer les avions. Avec 100 à 120 tonnes de charge utile, le gros porteur ukrainien affiche une capacité d’emport incomparable avec l’A400M (25-30 tonnes, voir schéma ci-dessous). Un Antonov embarque ainsi 11 conteneurs au standard maritime (20 pieds)… contre seulement 2 pour l’avion européen. "Pour remplacer une heure de vol d’An-124, 5 heures de vol d’A400M sont nécessaires", assure ainsi François Cornut-Gentille.
Le gros porteur ukrainien reste donc indispensable pour transporter les charges lourdes (blindés, hélicoptères, canons Caesar) depuis la France vers les théâtres d’opérations. L’opération Serval au Mali en 2013 donne une bonne idée de cette dépendance: en à peine deux mois, l’armée de l’air a affrété 115 vols d’An-124, 47 d’Iliouchine Il 76 (un avion de transport russe, plus petit que l’An-124), et 7 vols d’Antonov 225, le plus gros avion du monde, disponible à un seul exemplaire, chez la compagnie ukrainienne ADB.
L’armée française n’est d’ailleurs pas la seule à dépendre des Antonov: ses homologues européennes, dont les forces allemandes, affichent la même dépendance, de même que beaucoup d’industriels pour le transport de satellites (Thales Alenia Space, Airbus DS), d’hélicoptères (Airbus Helicopters), d’équipements pour l’énergie (EDF, Areva), d’armement destinés à des clients export de la France. Les satellites lancés depuis le Centre spatial guyanais de Kourou arrivent ainsi à Cayenne par Antonov.

Heures prépayées
A cette dépendance s’ajoute la complexité du recours à ces avions. Les forces françaises achètent des heures de vols d’Antonov par deux canaux distincts. Le premier est un contrat Otan, baptisé SALIS, qui permet à une dizaine de pays de l’alliance d’acheter des heures de vols prépayées (300 heures en 2017, autant en 2018 pour la France). Les Antonov 124 concernés sont pré-positionnés sur la base allemande de Leipzig. Le second canal, spécifique à la France, est un contrat attribué à la société française ICS pour la période 2015-2018: celle-ci se charge d’affréter, en fonction des besoins, des Antonov 124, mais aussi des 747 cargos.
L’armée, en l’occurrence le CSOA (Centre du soutien des opérations et des acheminements), peut ainsi jongler entre deux canaux pour obtenir les précieuses heures de vol. Mais quel que soit le canal choisi, ce sont toujours les mêmes sociétés ukrainienne et russe, propriétaires des Antonov, qui sont les bénéficiaires ultimes du contrat. Le contrat Salis utilise des avions d’Antonov DB et Volga Dnepr. ICS n’affrète que les An-124 de la compagnie ukrainienne Antonov.

Aucun des deux contrats ne trouve vraiment grâce aux yeux du député. Côté SALIS, le fait que les Antonov soit pré-positionnés en Allemagne "surenchérit le coût des missions", souligne le rapporteur spécial. Selon nos informations, ce surcoût est estimé à 50.000 euros par vol par l'armée. Autre problème, et de taill : si SALIS est bien un contrat de l'OTAN, l’essentiel des heures achetées est effectué sur les Antonov de la compagnie russe Volga-Dnepr, ce qui accroît la dépendance de la France vis-à-vis du Kremlin. 225 des 300 heures prépayées par la France en 2017 seront ainsi effectuées par Volga-Dnepr.
Le contrat ICS ne convainc pas non plus le député de la Haute-Marne. Certains vols tactiques sont payés par l’armée, souligne-t-il, à une filiale d’ICS basée à Singapour. Sans contester la légalité du procédé, François Cornut-Gentille se demande "avec quelles intentions ICS a créé une antenne à Singapour" et les "motivations du ministère de la défense à contractualiser avec ICS Singapour". Interrogée par Challenges, la société répond qu’elle est confrontée à une concurrence basée dans les paradis fiscaux, qui l’oblige à avoir recours à une filiale basée dans un pays où l’impôt sur les sociétés est plus bas qu’en France (17%), et craint ne pouvoir payer ses fournisseurs russes depuis la France du fait des sanctions occidentales contre Moscou.

"Système défaillant"
François Cornut-Gentille déplore aussi qu’un ancien chef d’état-major du CSOA, l’organisme militaire en charge du transport stratégique, ait été récemment recruté comme numéro deux d’ICS, mettant en garde contre des "risques de conflits d’intérêt". Interrogée, la société assure que le recrutement de ce "conseiller défense" s’est fait dans les règles : le militaire en question, retraité, est passé avec succès devant la commission compétente. François Cornut-Gentille reconnaît d’ailleurs que le problème est beaucoup plus large que le seul cas d’ICS. "ICS ne peut être le bouc-émissaire facile d’un système défaillant", avertit le député.
De fait, le petit monde des fournisseurs de l’armée sur le transport stratégique relève plus du panier de crabes que de la mécanique huilée. Dans une ambiance de saloon, tout le monde tape sur tout le monde. Daher avait contesté l'attribution du contrat de l'armée à ICS en janvier 2015. La société Strategic Airlift Support (SAS), créée par l’ancien numéro deux d’ICS Grégoire Lanza, accuse le même ICS, lettre d'avocats à l'appui, d’avoir produit des faux documents auprès de la DGAC pour pouvoir faire atterrir en France des Iliouchine IL76 non autorisés. ICS assure être victime d’une campagne de désinformation lancée par la concurrence russe, dont SAS serait l’aiguillon. Tout en attaquant aussi régulièrement ses rivaux: la société s'était plainte en 2015 de l'attribution d'un marché de transport pour les forces spéciales à son concurrent Pegasus Air Drop, créé par Pierre-Louis Lavie de Rande, un ancien du CSOA.

Climat délétère
Un dossier anonyme circule d’ailleurs depuis fin 2016 dans le petit monde du transport militaire, un échange de mails, consulté par Challenges, qui témoigne de liens privilégiés entre certaines sociétés d’affrètement et leurs donneurs d’ordre. "L’existence de ce dossier et sa diffusion dénotent un climat délétère", déplore le député François Cornut-Gentille qui, "ne pouvant attester de la véracité de ces documents et face au risque de manipulation", se refuse à en citer des extraits dans son rapport.
Pour nettoyer les écuries d’Augias, l’élu préconise un système d’agrément des sociétés d’affrètement aérien, ainsi qu’un audit systématique de ces acteurs par la Direction du renseignement et de la sécurité de la défense (DRSD), le service de contre-ingérence du ministère de la défense. Quant à la dépendance aux Antonov, François Cornut-Gentille suggère d’étudier le scénario d’une acquisition de gros porteurs par la France: les fameux An-124, les C-5 Super Galaxy américain, voire une version militarisée de l’A380 ou du Beluga d’Airbus.

Selon nos informations, l’Agence européenne de défense a étudié le scénario d’une acquisition de C-5 Galaxy, des avions aux caractéristiques proches de l’Antonov 124, conçus par l’américain Lockheed Martin. Si cet appareil a été mis en service en 1969, une version modernisée, dite Super Galaxy (ou C-5M), est entrée en service au sein de l’US Air Force en 2014, et pourrait faire l’affaire. Consultés, les Etats-Unis et Lockheed Martin s’étaient déclarés ouverts à la vente d'appareils rénovés, sur la base d’un prix estimé entre 85 et 115 millions de dollars pièce. Les avions seraient cédés à une somme symbolique, l’essentiel du coût étant lié à leur remise à niveau. Les Etats-Unis proposaient même de céder, gratuitement, jusqu'à 23 C-5A, la plus ancienne version du gros porteur.
Problème: cette consultation date du début 2015, bien avant l’élection de Donald Trump. Depuis, la renégociation du contrat Salis de l’Otan fin 2016, qui permet l’achat d’heures de vol prépayées sur Antonov 124, a encore accru la dépendance européenne à la compagnie russe Volga Dnepr, qui fournit les trois quarts des heures de vol pré-commandées. Pas sûr, vu le discours du nouveau président américain Donald Trump, que le train C-5 repasse une seconde fois.

 Challenges




2/ Ajoutons les places qu'occupent au sein du pays des gens comme Lepenskaïa, Mélenchon, Asselineau, Dupont Gnangnan ... Et l'on peut dire qu'il y a dans l'air comme une convergence des catastrophes...
L'exemple de Mélenchon (Lepenskaïa, c'est la même chose) : 

Conférence sur les frontières de l’Atlantique à l’Oural: la dangereuse idée de Mélenchon

 Pour le géopolitologue Jean-Sylvestre Mongrenier, la proposition de Jean-Luc Mélenchon d'organiser une "conférence de sécurité de l’Atlantique à l’Oural" relève "de la vieille doctrine radicale-pacifiste".

Lors du premier débat présidentiel, le 20 mars dernier, Jean-Luc Mélenchon, candidat du Front de Gauche a déclaré vouloir organiser une " conférence de sécurité de l'Atlantique à l'Oural ", afin de " rediscuter de toutes les frontières issues de l'ancienne Union soviétique ", proposition malheureusement approuvée par l'un des principaux candidats à la Présidence de la France. Venant après la critique répétée de l'Union européenne et la condamnation sans appel d'un plus grand effort militaire européen (" L'Europe de la Défense, c'est l'Europe de la guerre "), cette proposition semble relever de la vieille doctrine radicale-pacifiste, sans réelle prise en compte des réalités internationales et de la réalité du projet géopolitique russe. Il faut y regarder de plus près.

Un désordre géopolitique encore contenu

De prime abord, il importe de rappeler la fragilité de la structure géopolitique européenne, d'autant plus que la conjoncture politique internationale est difficile. Si l'Europe est parfois qualifiée de " Vieux Continent ", les frontières de la constellation d'Etats qui constitue son pavage géopolitique, longtemps enjeux de conflits et de guerres entre les différents types d'unité politique (cités-Etats et villes souveraines, Etats territoriaux, empires multinationaux), sont bien plus récentes qu'on ne le pense. Seul le septième des frontières des Etats membres du Conseil de l'Europe a été tracé avant 1815, près du quart après la césure de 1989-1991, la fin de la Guerre Froide impliquant la dislocation de l'URSS, de la Yougoslavie et de la Tchécoslovaquie.
Bien à raison, les dirigeants occidentaux craignaient alors que la décomposition des structures héritées du communisme remette en cause les frontières entre les différents pays d'Europe centrale et orientale, voire aboutisse à des guerres en Transylvanie, autour de l'enclave russe de Kaliningrad (ex-Königsberg) et dans les Etats baltes, ou encore aux frontières russo-ukrainiennes. La signature du traité de Maastricht (1991), fondateur de l'Union européenne (UE), avait comme objectif de constituer un pôle de stabilité européen capable d'arrimer l'Europe centrale et orientale, la politique de la " porte ouverte " de l'UE et de l'OTAN ouvrant un nouvel horizon aux pays de la région. Simultanément, une initiative française au sein du Conseil de l'Europe (le " pacte de stabilité ", promu par Edouard Balladur) visait à désamorcer les conflits nationalitaires et territoriaux. Hors l'ex-Yougoslavie, la grande curée fut évitée en Europe centrale et orientale.
Plus à l'Est, les événements se déroulèrent différemment. Le processus qui mena à l'indépendance les républiques fédératives soviétiques alla de pair avec des conflits ouverts en Moldavie (sécession de la Transnistrie), en Géorgie (sécession de l'Abkhazie et de l'Ossétie du Sud) et en Azerbaïdjan (sécession du Haut-Karabakh et guerre arméno-azérie), parfois accompagnés d'épurations ethniques. En revanche, le conflit russo-ukrainien autour du port de Sébastopol et du partage de la flotte soviétique de la mer Noire demeura à l'état latent. Dans les autres cas de figure, Moscou instrumentalisa (et instrumentalise encore) les conflits ethniques afin de conserver le contrôle de certains territoires et de disposer d'un moyen de pression sur les Etats nouvellement indépendants. Ce faisant, le pouvoir russe installait progressivement l'idée de leur inéluctable démembrement.

Une conjoncture géopolitique sensible

La proposition de Jean-Luc Mélenchon, dont on devine qu'elle aura l'agrément des nationalistes des différents bords, est d'autant plus maladroite que la conjoncture géopolitique est particulièrement sensible. Au vrai, l'accélération du tempo intervint en août 2008, lorsque l'armée russe fit irruption dans un conflit armé interne à la Géorgie (un départ de feu en Ossétie du Sud, suivi d'une reprise des opérations sur le front abkhaze). Malgré l'accord Medvedev-Sarkozy sur le cessez-le-feu et le retour au statu quo ante, Moscou reconnut l'indépendance de l'Abkhazie et de l'Ossétie du Sud, avant de procéder à l'annexion de facto des deux provinces géorgiennes sécessionnistes.
De nombreux observateurs ne crurent pas à la répétition d'un scénario de ce type en Ukraine et, considérant la Géorgie comme un lointain théâtre exotique, soutinrent la politique de " reset " de l'Administration Obama, le redémarrage de la coopération avec la Russie étant relayé par l'UE et l'OTAN. Cinq ans plus tard, Moscou déclencha une guerre commerciale contre l'Ukraine, coupable de vouloir signer un accord de libre-échange et d'association avec Bruxelles, et exerça des pressions multiformes sur Kiev. L'ingérence de Moscou provoquant une insurrection civique et le renversement du gouvernement pro-russe, Vladimir Poutine décida d'intervenir en Crimée, rattachée manu militari à la Russie, et de lancer au Donbass une " guerre hybride ". Depuis, les Occidentaux renforcent la sécurité des frontières des Etats est-européens.
Dans un tel contexte, proposer l'ouverture d'une conférence sur la sécurité, de l'Atlantique à l'Oural, signifierait récompenser la politique du fait accompli et avaliser l'annexion de la Crimée, voire d'une partie du Donbass. L'erreur serait de croire qu'il s'agirait là de simples ajustements permettant un nouveau départ avec la Russie. L'idée directrice de la grande stratégie russe vise à reconstituer un bloc de puissance dans l'espace post-soviétique, une sorte d'" URSS new-look " aux couleurs de l'eurasisme, préalable à la domination politique et militaire de l'Europe. Ce révisionnisme géopolitique en acte est lourd de menaces sur la stabilité de notre continent. Il consiste à remettre en cause par la force armée les frontières internationalement reconnues d'Etats souverains, membres de plein droit de l'ONU et du Conseil de l'Europe.

Détruire l’Europe une et libre

Au-delà du cas ukrainien, l'action russe a pour objectif la désintégration de l'UE et de l'OTAN, les deux piliers sur lesquels reposent l'unité et la liberté du continent. Si tel était le cas, le slogan d'" Europe des nations " par lequel Moscou entend rallier démagogues et nationalistes révèlerait vite sa vacuité. Les nationalismes rivaux déchireraient l'Europe en alliances et contre-alliances, avec à terme le possible retour de grandes guerres interétatiques. Du fait de sa domination militaire, pense-t-on à Moscou, la Russie serait le maître de l'Europe. Pour le plus grand malheur des peuples européens, l'ordre international péniblement mis en place après 1945, ensuite étendu à l'est de l'ancien " rideau de fer ", serait mis à bas. Une telle rupture marquerait la fin d'une longue période de paix entre les nations.
La menace porte également sur les conditions d'existence de régimes politiques fondés sur la liberté et l'autonomie des sociétés civiles. Poutine et la classe dirigeante russe ont engagé leur pays sur la voie de l'autoritarisme, et les libertés conquises à l'époque de Gorbatchev et Eltsine ont été méthodiquement comprimées puis détruites. Les hommes qui dirigent la Russie savent que leur projet de domination de l'Europe, réduite à une petite péninsule de l'Eurasie, implique la remise en cause du règne de la loi, des libertés fondamentales et de la libre expression de la volonté des citoyens. Aussi les cyberattaques russes et la guerre psychologique visent-elles les principes et valeurs fondatrices des démocraties libérales.
L'ingérence dans le processus électoral des Etats-Unis donne une idée précise des menaces qui pèsent sur les élections en Europe. L'espionnage et la constitution de dossiers compromettants (les " kompromat ") pourraient servir à intimider, à faire chanter ou à écarter des personnalités politiques hostiles aux manœuvres russes. Parallèlement, la manipulation des réseaux sociaux ouvre de nouveaux champs d'action et démultiplie les effets de la vieille " désinformation ". Le mensonge systématique, l'appel aux affects et le nihilisme véhiculés par cette guerre psychologique sont destructeurs de la raison et de l'esprit civique. A juste titre, il faut redouter la " globalisation du poutinisme " (Françoise Thom) et ses effets.

In fine …

Au regard du contexte et des enjeux géopolitiques, l'idée d'une grande conférence européenne sur la sécurité apparaît donc bien naïve, mais il n'est pas sûr que les tenants d'une telle proposition soient animés par la seule éthique de conviction, la paix évangélique devant passer avant toute autre considération. On subodore en effet un désintérêt, teinté de mépris, pour les Baltes, Polonais et Ukrainiens, perçus comme quantité négligeable en comparaison de la " Sainte Russie ". A cela s'ajoute une joie mauvaise, difficilement contenue, à la seule évocation d'une alliance de revers avec la Russie, dirigée contre l'Allemagne. De fait, l'hostilité envers notre voisin oriental demeure un élément structurant dans les représentations géopolitiques des deux extrémités du spectre politique français.

La destruction des alliances de l'après-1945 représenterait le prix à payer d'une revanche sur la réunification de l'Allemagne et ruinerait son modèle économique, posé en responsable des méfaits du social-fiscalisme français. Se détournant de l'Europe, la France, dit-on à demi-mot, renouerait enfin avec la grandeur en s'appuyant sur la francophonie et son domaine maritime. Ce discours de compensation n'est pas sans rappeler le vieux slogan de " la Plus Grande France ", réputée invincible quelques mois encore avant le désastre de mai-juin 1940. Aussi importe-t-il de rompre avec ces illusions mortifères, de placer la France au cœur de l'Europe et de refuser tout révisionnisme géopolitique.
Jean-Sylvestre Mongrenier, Chercheur à l'Institut Français de Géopolitique (Paris VIII) et Chercheur associé à l'Institut Thomas More.

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Bientôt, la France faible et soumise à la Russie, dans une Europe éclatée ? Wait & see.




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