Amis
Ukrainiens,
Il ne faudra
pas vous attendre à un soutien de l'opinion française. J'en suis
attristé et atterré, mais force est de constater que la propagande
russe a gagné. La Crimée est donc sauvée des hordes nazis !
Merci Monsieur Poutine.
Je ne
comprends pas : on dirait que mon pays n'est plus capable de
réagir. Il n'est pas capable de dire « non à l'invasion Russe
de l'Ukraine » pas plus qu'il n'est capable de dire « non
au changement de peuple » en France. Tout se passe comme s'il
n'était plus capable de se révolter, tout simplement. J'ai parfois
l'impression de vivre dans un pays résigné, fataliste, amorphe.
Cela expliquerait d'ailleurs le fait que tant de forces vives
quittent notre territoire, remplacées par d'autres forces, celles-là
nettement moins vives, pour ne pas dire néfastes. Mais c'est un
autre sujet.
Amis
Ukrainiens, j'espère que vous ne lirez pas les forums français :
vous risqueriez d'être déçus et blessés par le nombre étonnamment
élevé de commentaires méprisants, ironiques, ou insultants.
Est-ce surprenant ? Finalement pas tant que ça, lorsque l'on se rend
compte, en faisant une simple recherche sur google, que tournent en
boucle les mêmes analyses des mêmes « spécialistes »,
parfois réels, souvent autoproclamés.
Amis
Ukrainiens, il faut que vous le sachiez, la France n'a rien à
« gagner » à soutenir l'Ukraine. Oui, c'est comme ça,
le rapport de force n'est pas en votre faveur. Votre armée contre
celle de la Russie, c'est David contre Goliath. Et puis, vous n'êtes
pas riche, en comparaison de votre voisine en pleine expansion.
Alors, vous comprenez, nous sommes devenus si matérialistes et si
peu idéalistes qu'il ne faudra pas compter sur nous. C'est ainsi :
il faudra vous tourner vers l'Amérique et ses vassaux car
nous-autres, patriotes Français (dont je me sens m'éloigner à pas
de géants au vu des événements) sommes trop terrorisés par la
démonstration de force de la Russie.
Oh, bien sûr,
les choses ne sont pas présentées ainsi. On invoque des raisons
historiques, démographiques, que sais-je encore... Chacun peut
trouver « sa » raison. Les communistes sont ravis de voir
le drapeau rouge flotter aux côtés du drapeau Russe, les
soi-disant « patriotes » sont ravis de voir Poutine
gagner son rapport de force avec un Occident qu'ils exècrent (sans
doute à juste titre, mais ceci justifie-t-il cela), les adeptes des
formules martiales sont heureux de l'entendre proclamer, avec tant
d'élégance, qu'il ira « buter les terroristes islamistes
jusqu'au fond des chiottes » (le « problème »
n'est pourtant toujours pas réglé)... Oui, chacun, ici en France, a
« sa » raison de soutenir votre agresseur, d' applaudir
cette grotesque farce qu'est le référendum.
Amis
Ukrainiens, il ne faudra vous attendre à aucune solidarité de la
part des soi-disant « patriotes » Français. Il faut
croire que nous sommes, nous aussi, condamnés à nous ranger encore
et toujours du côté du plus fort : hier les Etats-Unis, demain
la Russie. Sans doute croyons-nous que la Russie nous sauvera !
Je ne sais pourtant toujours pas ce qu'il y a de si admirable dans la
Russie poutinienne. La force brutale ? Le luxe ostentatoire et
vulgaire d'oligarques corrompus ? La violence du verbe et des
actes ? J'hésite, j'hésite.
Las, ce début
de siècle nous apprend que la loi du plus fort reste la meilleure, que la
page des Empires n'est pas tournée pour tout le monde, que les
guerres qui ont ensanglanté notre Europe n'ont pas servi de leçon.
Pierre Aron
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